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24 novembre 2011

Que va-t-il se passer quand la France perdra son AAA ?


Par Cécile Chevré

La France aurait-elle déjà perdu son AAA ? C'est en tout cas la question que nous pouvons nous poser à la lecture des déclarations des différentes agences de notation.

Il faut nous préparer : notre AAA a fait long feu. La sanction tombera peut-être dans quelques jours, ou alors dans quelques semaines, mais elle est inévitable. La seule incertitude : qui de Moody's, de Fitch ou de Standard & Poor's dégainera le premier ?

Mais pourquoi une telle menace ?

Première raison : notre dette. Parmi les pays européens faisant partie du club des AAA, la France est celle qui a le niveau d'endettement le plus élevé, à 85% de son PIB. Les deux plans de rigueur proposés par Nicolas Sarkozy depuis août n'ont manifestement pas convaincu les marchés. Pourtant le gouvernement cherche à démontrer sa volonté de conserver le AAA français. Au programme : 18,6 milliards d'euros de hausses d'impôts et d'importantes réductions budgétaires qui doivent, sur le papier, nous permettre le déficit à 4,5% en 2012 et à 3% en 2013 (contre 5,7 cette année).

Outre les problèmes budgétaires, la France est aussi lourdement mise en péril par son secteur bancaire, fortement exposé au risque souverain. D'après la Banque des règlements internationaux, en juin dernier, nos banques détenaient pour 681 millions d'euros de dettes des pays les plus risqués de la zone euro (Portugal, Espagne, Irlande, Italie, Grèce).

Dernière source d'inquiétude selon les agences de notation, l'aggravation de la crise de la zone euro. La France et l'Allemagne sont les piliers de l'aide aux pays en difficulté. Alors que la crise s'aggrave et gagne de nouveaux pays, la charge financière pesant sur notre pays risque de s'alourdir. En effet, la France participe à hauteur de 158 milliards d'euros au Fonds européen de stabilité financière.

Engrenage de la dette et des rendements
Signe d'une tension grandissante : les rendements des obligations souveraines françaises sont en hausse continue.

Ils atteignent maintenant les 3,66%. Quant à l'écart (le spread) entre les rendements français et allemands, il s'accentue, ce qui est mauvais signe. Il culmine à 158 points de base pour les obligations à 10 ans.

Faut-il paniquer ? A court terme, peut-être pas tant que cela. Les marchés semblent avoir déjà intégré la dégradation de la note française. Cela fait un bout de temps qu'ils savent que la France est la plus menacée de dégradation du club des AAA. Standard & Poor's a même, par erreur, annoncé la perte de cette fameuse meilleure note la semaine dernière... sans pour autant plonger les marchés dans la panique la plus complète.

A plus long terme, c'est une autre question. Car derrière la stabilité de la France se cache la question essentielle : l'euro peut-il survivre ? Nous l'avons dit, la France est un des principaux financiers du plan de sauvegarde européen. Si elle-même se trouve plongée dans la tourmente obligataire, je ne donne plus cher de la peau de l'euro.

Vers une crise des pays "centraux" de la zone euro
Nous assistons à une mutation de la crise. D'une crise des pays "périphériques", elle devient une crise des pays "centraux".

Nous avons vu que la France était sous surveillance étroite des marchés et des agences de notation mais c'est maintenant l'Allemagne qui suscite de très fortes inquiétudes. On peut comprendre pourquoi : depuis le début de la crise, nos voisins d'outre-Rhin sont considérés comme le portefeuille d'où viendra la principale aide financière. Mais si l'Allemagne est elle-même menacée de faillite qui pourra la renflouer ?

Vous le savez, l'Allemagne est aussi considérée comme LA référence en matière de sécurité sur le marché obligataire. Or, les investisseurs semblent maintenant bouder la dette germanique. La dernière émission obligataire allemande (hier) n'a pas rencontré le succès attendu. L'Allemagne s'attendait à pouvoir lever 6 milliards d'euros ; ils n'ont finalement réussi à emprunter que 3,4 milliards.

Première précision, ce n'est pas la première fois que cela arrive, c'est même la neuvième fois cette année que l'Allemagne ne parvient pas à emprunter autant qu'elle voudrait.

Le véritable problème est que c'est la première fois depuis la création de l'euro que les obligations allemandes rencontrent si peu de succès.

Conclusion, les marchés et la presse s'inquiètent. Tous y voient une mise en cause de la stabilité financière de l'Allemagne, l'expression de doutes quant à sa capacité à sauver à elle toute seule la zone euro et la monnaie unique. Et nous partageons évidemment ces doutes.

Qu'est-ce que cela signifie pour nous ?
A court terme, même s'il nous paraît vraiment de plus en plus probable que la France va perdre son triple A, nous ne pensons pas que les conséquences boursières seront catastrophiques. Cette perte du AAA est déjà en très grande partie intégrée par les marchés.

A moyen terme, cependant, cette dégradation devrait jouer sur les finances de l'Etat – le coût de l'emprunt va augmenter – mais aussi sur votre patrimoine et vos investissements. La dégradation de la note souveraine française est un des 5 facteurs qui vont faire baisser l'immobilier en 2012.

Autre conséquence probable à moyen terme : la BCE sera tentée d'imprimer de la monnaie pour maintenir hors de l'eau les pays plongés dans la tourmente obligataire – et ce d'autant plus si la France et l'Allemagne sont menacés. Impression monétaire (massive) qui devrait favoriser le retour de l'inflation...

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