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8 février 2012

Les inquiétantes prédictions d’un magnat de la finance

Pour Chris Probyn, économiste en chef d’un groupe financier américain, la Fed fait tourner en vain la planche à billet, l’économie américaine n’a plus de moteurs et l’Europe est au bord de l’implosion.

Les financiers ne sont pas tous adeptes de la langue de bois. Il suffit parfois qu’ils ne soient pas devant les projecteurs pour que soudain leur langue se délie. On se souvient des propos récents de l’ex-patron de Jérôme Kerviel à la Société Générale. Jean-Pierre Mustier prévoyait l’apocalypse. Cette fois, c’est au tour de Cris Probyn de jouer les Cassandre. Ce britannique, qui vit aux Etats-Unis, est l'économiste en chef de State Street Global Advisors, l’une des plus grosses sociétés financière du monde. Elle gère la bagatelle de 2.000 milliards de dollars.

De passage à Paris Chris Probyn a livré à Challenges ses confidences sur la situation économique en Europe et aux Etats-Unis. Son constat est plus qu’inquiétant. Selon lui, les ressorts de l’économie américaine sont totalement cassés et la zone euro est au bord de l’implosion.

Les deux moteurs de l’économie américaine sont en panne

"Conduire une politique monétaire, c’est comme promener un chien, explique l’économiste pour faire comprendre pourquoi l’action de la Fed n’a pas eu les effets espérés. Vous raccourcissez la laisse pour qu’il ralentisse, ou vous lâchez du lest pour qu’il galope. Mais si le chien est mort, cela ne sert à rien de manipuler la laisse".

Or, le chien américain serait moribond. Chiffres à l’appui, dans ce salon de l’Hôtel Four Seasons, Chris Probyn démontre que les ménages américains se sont appauvris de 16 milliards de dollars entre 2008 et 2010, pas à cause de la baisse de la Bourse, mais en raison de la chute de l’immobilier. Pour se refaire une santé, ils ont donc réduit leur endettement et de fait, leur consommation.

Autre problème, il y a aussi de plus en plus de logements vacants. "A cause de la crise, les enfants retournent vivre chez leurs parents et les divorcés préfèrent vivre sous le même toit, même s’ils ne s’entendent plus." Consommation et immobilier en panne : les deux ressorts de l’économie américaine sont cassés, et la baisse des dépenses publiques n’arrange rien. "Nous aurons au mieux une croissance de 2 à 2,5% en 2012, en fonction des décisions de politique budgétaire", conclut Probyn.

C’est toujours mieux que dans la zone Euro, où les prévisions de croissance de State Street sont inférieures à 0,5%. "Vous pouvez toujours vous en prendre aux Grecs, lance l’économiste. Mais ce n’est pas, de très loin, le problème le plus grave en Europe." Pour lui une sortie de la Grèce de la zone euro, ne ferait du mal qu’à ce pays, mais les autres n’en souffriraient pas.

En revanche, il y a de vrais problèmes et pour le prouver, il brandit un graphique qu’il se fait un plaisir de commenter : "depuis la création de l’euro, l’Allemagne a gagné 28 points de compétitivité, la France a stagné, et l’Italie a perdu 13%, quel est l’intérêt d’un tel système, pourquoi le maintenir ?". "Parce qu’on ne sait rien faire d’autre", répond-on un peu penaud. "Réponse honnête" juge-t-il.

Soit l’Europe accepte plus d’intégration, soit elle explose en vol

Tous les efforts faits pour libéraliser le marché du travail, rendre les contrats plus flexibles, réduire la dépense publique, tout cela va dans le bon sens. "Mais vous ne sortirez pas de cette situation par l’austérité", répète Chris Probyn. Il faut donc aller vers plus d’intégration européenne, sinon, la zone euro explosera.

L’économiste semble ici affecté d’un syndrome typiquement anglo-saxon. Aux Etats-Unis par exemple, l’économie peut sombrer, mais en général elle repart encore plus fort. Dans la zone euro, ce ne se passe pas comme ça. Si on suit le raisonnement économique de Probyn, le système devrait exploser dans la mesure où les trois pays clés que sont l’Italie, la France et l’Allemagne divergent trop fortement.

L’ensemble ne tiendrait le choc que par la seule volonté politique. Et les Américains n’ont, eux, jamais compris, depuis la création de l’euro, comment une construction politique pouvait devenir une réalité de marché. "Il n’a y pas de complot américain contre l’euro, affirme-t-il. C’est juste que lorsque cela va mal en Europe, on ne sait toujours pas qui appeler." Sur ce point, Chris Probyn n’a pas tort.

© Challenges

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