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13 mai 2012

Réflexions sur la victoire d'une gauche minoritaire (*)

La victoire de la gauche entraînera presque inévitablement des régressions sociétales considérables, sans précédent depuis la loi Veil de 1974. La tragédie est d'autant plus aiguë qu'elle était évitable, la gauche étant minoritaire en France.

Sa victoire probable aux législatives livrerait la France à une situation inédite de domination presque sans contre-pouvoir. Même en 1981, la droite et le centre conservaient le contrôle du Sénat et des plus grandes agglomérations. L'absence d'élections avant les municipales et les européennes de 2014 ouvre un long tunnel pendant lequel la gauche sera détachée des conséquences électorales de sa politique.

Un enjeu des législatives sera d'éviter le risque - très réel - que la gauche ne dispose d'une majorité des 3/5e au Congrès, ce qui lui permettrait de modifier la Constitution à sa guise.

Bridée sur le plan économique, la gauche orientera sa virulence sur le domaine sociétal, hélas non remis en cause, voire relancé par la présidence précédente, ce qui a du reste grandement causé sa chute.

L'avenir des droites

La campagne du président sortant a esquissé - rhétoriquement du moins - une synthèse des trois composantes de la droite de conviction:

  • La droite régalienne (Schengen, immigration, sécurité...)
  • La droite identitaire (définitivement décomplexée sur le refus définitif du "sociétalisme" ...)
  • La droite économique et fiscale ("règle d'or", ...)

La redéfinition (hypothétique, même en cas de victoire) de l'action gouvernementale et de l'identité de l'UMP autour de ces trois piliers aurait représenté un virage de toute première importance. 

L'aile gauche de l'UMP ne s'y est pas trompée et n'a pas attendu pour mettre la responsabilité de la défaite sur ce qu'ils appellent cette "stratégie droitière" (Dominique Paillé, Koz, David-Xavier Weiss...). 

Ils se trompent lourdement, et suivre leurs conseils de "recentrage" conduirait l'UMP dans une impasse.

a) L'échec de M. Sarkozy est dû à son action pendant 5 ans, et non à sa campagne. Le graphique ci-dessous met en lumière le poids du traité de Lisbonne dans la défiance des Français. Rappelons en outre, comme l'a fait remarquer le blog ILYS, qu'aucun exécutif sortant n'a été reconduit en France depuis 1978. L'échec de M. Sarkozy est donc la "normale", que la "stratégie droitière" n'est pas passée loin d'éviter. Avec une stratégie "chiraquienne", M. Sarkozy aurait bien pu ne pas dépasser le premier tour.

Courbeb) Avant sa campagne, M. Sarkozy accusait un retard de 15 à 20 points (jusqu'à 24 points en 2011). Il finit avec un écart de 3 points seulement. La courbe ci-dessous montre que la période de plus forte croissance de ses intentions de vote correspond à la plus forte visibilité de cette stratégie, entre les deux tours.

StratSarko
c) Les voix qui ont manqué à M. Sarkozy ont été des voix de droite. La "majorité silencieuse" sur laquelle comptait M. Sarkozy est bien majoritaire. Si le report de voix de Mme Le Pen vers M. Sarkozy s'était fait dans les mêmes proportions que celles de M. Mélenchon vers M. Hollande (c'est-à-dire de l'ordre de 8 sur 10 au lieu de 5 sur 10), M. Sarkozy l'aurait emporté confortablement. Le nombre de bulletins blancs ou nuls est à lui seul le double de l'écart entre MM Sarkozy et Hollande.

Il est donc urgent non pas de relancer la "machine à perdre" chiraquienne comme le conseillent de bons prophètes, mais de la briser en améliorant le report de voix à droite.

Ces dernières années avaient vu une évolution dans la position de l'UMP à cet égard, puisqu'elle est passée d'une soumission à la doctrine du "front républicain" imposée par la gauche à un (presque) "ni-ni": une neutralité en cas de duel gauche-FN. C'est un progrès réel, qui est aujourd'hui compromis par le risque de reprise en main de l'UMP par son aile gauche, et parmi les électeurs par les rancunes qu'aura pu créer la responsabilité de Mme Le Pen dans la victoire de M. Hollande.

L'addition des voix de droite est pourtant plus nécessaire que jamais. Il ne s'agit pas tant de parvenir - notamment au niveau national - à une "union" ou à une "alliance", mais à une normalisation des rapports entre l'UMP et le FN: une relation qui soit le reflet de leurs différences programmatiques réelles et non fantasmées.

6 électeurs de l'UMP sur 10 - et autant au FN - soutiennent une entente entre ces partis, se montrant en cela plus sages que leurs dirigeants. La démocratisation promise de l'UMP - création de courants ("mouvements"), primaires - devra être l'occasion de faire entendre cette majorité silencieuse du peuple de droite.


(*) Cette note est une reprise (à peine corrigée de ses considérations "catho-tradi")  d'un remarquable article du Salon Beige résumant parfaitement les enjeux du "troisième" tour législatif

 

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