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6 mars 2013

Et maintenant le racket diversitaire ...

Les coups de feu tirés à bout portant qui ont blessé trois ouvriers d'une entreprise de BTP, le 18 février dans une cité de Pierrefitte-sur-Seine, en ont été le déclencheur. La préfecture de Seine-Saint-Denis, maintes fois alertée sur les agressions subies sur les chantiers de rénovation urbaine dans le département, a fini par réagir. La police judiciaire a été chargée d'une enquête, les services de police ont tenu une réunion avec l'entreprise mardi 26 février, une seconde réunion est programmée entre le préfet et les élus de plusieurs villes victimes du phénomène. Il était temps : c'est en effet la troisième agression grave en trois mois qui intervient dans le département. Tous les acteurs parlent d'une escalade de violences à l'égard des chantiers de rénovation urbaine.

"C'EST LA PREMIÈRE FOIS QU'ON ATTEINT UN TEL NIVEAU DE VIOLENCE"

L'agression de Pierrefitte, dans ce quartier au doux nom de cité des Poètes, a été particulièrement traumatisante. Sur la vidéo filmée par les caméras de surveillance, un homme gros, casqué et cagoulé, entre dans l'Algeco où se préparent les ouvriers et ouvre le feu à quatre ou cinq reprises avant de s'enfuir en scooter, raconte leur employeur, la Coredif, une entreprise de travaux publics. Le chef de chantier et un conducteur de travaux ont été blessés aux jambes et hospitalisés. "On a l'habitude des insultes et des menaces mais c'est la première fois qu'on atteint ce niveau de violence", assure Ali Gök directeur général de la société de BTP. Le chantier a été aussitôt interrompu, tout comme celui de l'entreprise GTM, filiale du groupe de Vinci, à quelques rues de là.

Dans cette même cité, en décembre 2012, deux agressions - un vol d'ordinateur et de portable, puis l'incendie de deux engins de travaux - avaient révélé le regain de tension autour de ce chantier de construction de logements HLM. Et voici deux ans, la première tranche de ce projet de réhabilitation avait été le théâtre d'une opération de racket organisé : quatre jeunes avaient été arrêtés et trois incarcérés pour extorsion de fonds sur cinq entreprises du bâtiment dont Coredif, la société à nouveau visée.

UN ENJEU POUR LES PETITS CAÏDS

Le parquet de Bobigny reste prudent quant aux causes de l'agression : "On ne peut écarter l'hypothèse d'une suite de la précédente affaire puisqu'un des ouvriers visés avait déjà été agressé, mais ce n'est pas certain", explique-t-on. "Il faut rassurer et sécuriser le chantier et surtout ne pas céder un pouce de terrain", affirme de son côté Michel Fourcade, le maire PS de la ville qui met en cause le trafic de stupéfiants.

Avec ses 42 milliards d'investissement en travaux, la rénovation urbaine a constitué depuis son lancement en 2003 une aubaine pour les quartiers. Les pressions sur les chantiers de rénovation ont toujours existé tant ces derniers constituent un enjeu pour les petits caïds : faire embaucher quelques jeunes ou prélever sa dîme sur le matériel de chantier est monnaie courante. Et les entreprises l'ont intégré dans leur budget.

Mais le chantage a changé d'échelle. Depuis quelques mois, les tensions et intimidations sont devenues systématiques et plus violentes. "Cela a pris des proportions inquiétantes et c'est devenu un système très organisé comme on peut le connaître en Corse ", assure Stéphane Peu, président de Plaine commune habitat, office de HLM. Rares pourtant sont les entreprises qui portent plainte. Par prudence pour leurs salariés. Et aussi parce que, la rénovation urbaine étant vitale pour leurs carnets de commandes, elles préfèrent payer. "Tant que ça ne touche pas l'intégrité des salariés, les entreprises n'en parlent pas et préfèrent s'arranger", reconnaît Francis Dubrac, dirigeant d'une entreprise de travaux publics et ancien patron du Medef local .

FRAPPÉ DE PLUSIEURS COUPS DE MARTEAU

Dans ces quartiers pauvres et souvent abîmés de la banlieue parisienne, les opérations de réhabilitation dérangent certaines activités. Le schéma est classique : c'est souvent dans ces cités enclavées, bâties comme des lieux clos dont les accès peu nombreux sont facilement contrôlables, que les dealers installent leurs trafics. Quand, dans un quartier, il est décidé de percer une voie, d'aménager les halls ou simplement de revoir les parcelles de jardins, les travaux bouleversent les habitudes, les repères. Les dealers n'aiment pas le changement ni les intrusions dans leur monde. "J'ai déjà vécu ça en 2000 en Seine-et-Marne et à Montfermeil. C'est fréquent dans le 93", remarque le dirigeant de Coredif. Depuis quelques mois, plusieurs autres attaques de chantier ont défrayé la chronique locale, provoquant l'arrêt des travaux

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