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25 février 2014

Bon sens et principe de précaution

Que les mauvaises langues qui osent affirmer que nous ne sommes pas gouvernés, se taisent et se dessèchent. Marc Veyrat, grand cuisinier devant l'Eternel, vient d'être impérativement invité à suivre une formation sur les dangers de l'alcool. La raison? Il a ouvert une ferme d'hôte en Haute-Savoie. Or, selon on ne sait quel commandement d'on ne sait quelle administration, impossible de créer pareil établissement sans être renvoyé sur les bancs de l'école, pour s'informer sur les dangers de la dive bouteille. Marc Veyrat, qui pratique la gastronomie depuis trente ans, ignore évidemment tout dans ce domaine. Partant, il est bon de l'éduquer. Voire de le rééduquer. Un camp spécialisé en Haute-Savoie, ça a quand même de l'allure.

[NDLR: Le Permis d'exploitation relatif à la formation des loueurs de chambres d'hôtes délivrant des boissons alcooliques est une formation obligatoire agréé par le Ministère de l'Intérieur : n° NOR IOCD 1121952A en date du 10 août 2011. C'est donc une une idée de l'UMP et de Sarkozy. Par ailleurs, on peut s'appeler Marc Veyrat et devoir subir la "rééducation" ad hoc, comme le premier galeux venu]

Président normal ou président de la norme? Tout se passe comme si, dans le poumon à oxygène qui nous sert désormais d'habitacle, il n'est plus question de manger, de boire, de se déplacer, de s'exprimer en dehors des passages cloutés d'une réglementation que les bureaucrates qui nous gouvernent appliquent à toute allure et sous toutes les coutures. De la maternelle au cercueil, nous serons désormais encadrés. Le genre dans les maternelles, le désossement de l'Histoire dans les collèges, la police du vocabulaire qui masque à peine celle de la pensée, la suppression de certains mots faute de régler vraiment les choses: nous sommes partis tranquillement vers l'univers qu'Orwell prédisait pour 1984 et que l'on cherche à incarner, avec autant de ferveur que d'application, trente ans plus tard.

On supprime le Mot race de la Constitution: à la trappe le racisme. On traque les manuels scolaires à la loupe pour y chasser toute forme de discrimination, y compris chez Molière et chez Tintin. On oblige les paquets de cigarettes à arborer «fumer tue», mais on les laisse en vente libre. L'hypocrisie reste l'hommage rendu par le vice de la rentabilité à la vertu de l'étiquette. Le principe de précaution devenant commandement d'Etat, les citoyens avancent sur un sentier de plus en plus étroit, entre la falaise des impôts et l'abîme des interdits. L'ennemi déclaré n'est plus, s'il l'a jamais été, le communautarisme, l'affairisme, le corporatisme ou l'intégrisme. Haro sur le promeneur hors passage clouté, ce pelé, ce galeux d'où nous vient tout le mal. Le pouvoir, à l'évidence, sait mieux que vous, ce qui est bon pour vous. Il dit le Bien: à vous de suivre, et d'obéir. La balise ou le cercueil.

Il est tout de même étonnant que les princes qui nous gouvernent ne voient pas que l'accumulation des interdits, des prescriptions et des oukases, crée, chez les plus modérés, les éruptions à venir. Tant vont les cruches à l'ordre, qu'à la fin elles risquent vraiment de se casser.

André Bercoff

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