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7 avril 2014

Rwanda: un témoinage dérangeant

20 ans jour pour jour après le début du génocide des Tutsi au Rwanda, et alors que le président Kagame vient de mettre en cause la France, un ancien officier de l'armée française apporte un nouvel éclairage sur l'opération Turquoise (23 juin-22 août 1994). Au début de l'opération , un raid terrestre avait été programmé pour aller jusqu'à Kigali. Raid terrestre, qui devait être accompagné de frappes aériennes.
En 1994, Guillaume Ancel, militaire français, officier de la Force d'action rapide, est intégré dans le détachement de la Légion étrangère, qui intervient au Rwanda. Aujourd'hui, il affirme qu'avant de devenir humanitaire, l'opération Turquoise a clairement été une opération offensive.

Cette opération millitaire a toujours été officiellement présentée comme "humanitaire" par les dirigeants politiques de l'époque : François Mitterrand, à l'Elysée, Edouard Balladur, à Matignon, Alain Juppé, au Quai d'Orsay, et François Léotard, au ministère de la Défense.Depuis, la nature de cette opération extérieure n'a jamais été remise en cause, ni par la Mission Quilès (Mission d'information parlementaire, 1998), ni par les autorités politiques ou militaires. Seul un ancien sous-officier de Turquoise, Thierry Prungnaud (issu du GIGN), s'était inscrit en faux contre cette "version officielle", dès 2005, en donnant son témoignage au micro de France Culture. Témoignage confirmé dans son livre, Silence Turquoise (Editions Don Quichotte, 2012).  Guillaume Ancel est donc le second militaire à s'exprimer sur l'opération Turquoise. Il a quitté l'armée en 2005.  Il explique pourquoi il a décidé de témoigner :


Une opération d'abord très offensive

Le débat sur la nature de l'opération Turquoise n'est pas nouveau. Il a même commencé alors qu'elle n'était pas encore lancée. La France, disaient ses détracteurs, était le pays le plus mal placé pour intervenir au Rwanda ; ce qui n'a pas empêché l'opération d'avoir lieu. En 2005, une plainte pour "complicité de génocide et de crimes contre l'humanité" a été déposée "contre X" devant le Tribunal aux Armées de Paris. Aujourd'hui, cette plainte est toujours à l'instruction, au pôle "génocide". Mais les juges n'ont procédé à aucune mise en examen. Un seul officier a été placé sous le statut de témoin assisté. Aujourd'hui encore, d'anciens responsables politiques et militaires s'en félicitent ouvertement, réaffirmant son caractère humanitaire.
Si Guillaume Ancel parle, c'est précisément pour qu'on puisse parvenir à la vérité des faits

L'opération Turquoise a fini par devenir humanitaire, après la mi-juillet 1994, c'est à dire à partir du moment précis où le FPR de Paul Kagame a décrété le cessez-le-feu et la fin de la guerre, et donc celle du génocide. C'était le 17 juillet, le jour où le gouvernement intérimaire du Rwanda (GIR) a définitivement quitté le Rwanda, via la zone Turquoise.

Les militaires français ont alors officiellement reçu l'ordre de sauver des gens :

Si elles sont avérées, ces révélations sont de nature à remettre en cause la version "officielle" qui circule depuis 20 ans maintenant. Elles apportent en tout cas de l'eau au moulin de l'association Survie, qui dénonce depuis des années "la complicité" de l'Etat français avec le Rwanda des génocidaires. L'ONG réclame notamment la création d'une commission d'enquête parlementaire qui étudierait l'ensemble des éléments sur la politique menée par l'Etat français au Rwanda, ainsi que la déclassification de tous les documents.

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