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6 septembre 2014

Allemagne et BCE: le divorce ?

Les éditorialistes de la presse allemande ont la dent dure avec le président de la BCE. Ils voient dans les annonces surprises d'hier un activisme à en donner le vertige et des mesures à forte dose inaptes à guérir la zone euro tant que les gouvernements ne feront pas leur travail.


L'Allemagne est sous le choc après les décisions prises hier par la Banque Centrale Européenne d'abaisser à nouveau ses taux et de se lancer dans un programme inédit de rachat d'actifs. Cela se reflète dans les commentaires de la presse outre-Rhin publiés ce vendredi. « La BCE s'est souvent vue reprocher d'agir trop timidement. La critique devrait désormais appartenir au passé. Avec la combinaison jamais vue d'un taux de dépôt négatif et d'un programme massif de rachats d'actifs financiers, (la BCE) n'a rien à envier à l'envie d'expérimenter d'autres banques centrales », note le quotidien « Die Welt ».

Le quotidien boursier « Börse Zeitung » parle d'un « coup de tonnerre » à propos des annonces surprises d'hier, mais Mario Draghi pourrait vite voir son gros coup se transformer en « victoire à la Pyrrhus ». Au lieu d'être l'institution qui donne le cap vers lequel doit naviguer la zone euro, « elle semble de plus en plus aux abois, en courant de plus en plus le danger de causer plus de dégâts que de bien ». Les dangers d'une politique monétaire qui emballe la planche à billets fait courir le risque de voir « complètement disparaître le soutien public de l'Allemagne pour la politique de la BCE et ainsi pour le projet d'Union monétaire. Ce serait vraiment une évolution alarmante ».
Mario Draghi "désespéré" ?

La Frankfurter Allgemeine Zeitung, réputée proche de l'orthodoxe Bundesbank, lance un cri d'alarme : « Mario Draghi doit être désespéré. On ne pourra pas reprocher au président de la BCE que sa promesse de sauver l'euro n'a pas été suivie de toutes initiatives imaginables. Malgré tout, l'euro n'est pas ‘sauvé'. Cela repose en première ligne sur des pays comme la France et l'Italie, qui n'ont pas utilisé le temps qui leur était offert. A Paris et Rome, on a repoussé à un horizon lointain les ajustements nécessaires des systèmes sociaux et marchés du travail, en étant pleinement confiants de recevoir la prochaine fois une aide de la BCE ».

La paresse des Etats contraste avec l'activisme de la BCE, qui est surtout commenté quand celle-ci veut se mettre à racheter en grande quantité des instruments de titrisation de crédits bancaires : les « ABS », connus pour leur rôle de catalyseur de la crise financière. Ce faisant, la BCE « joue dangereusement avec le feu », juge la « Süddeutsche Zeitung ». Cela montre en tout cas « dans quelle détresse la BCE se trouve en ce moment – car rien de ce qu'elle a fait à ce jour contre la crise n'a vraiment servi ». Comparant ces ABS financiers à l'invention éponyme dans le monde automobile servant de système antiblocage des freins, le journal munichois voit surtout un haut danger pointer avec le frein de secours repris à son compte par Mario Draghi.
"Vertige"

De fait, Francfort va dépenser des centaines de milliards d'euros pour reprendre des portefeuilles de crédits dans ses livres, en prenant un risque à son bilan que va désormais assumer le contribuable, rajoute l'éditorialiste de la FAZ. « Est-ce encore de la politique monétaire ? », s'interroge-t-il. En outre, « comment une banque centrale, qui aide les banques d'affaires à se restructurer, peut-elle (à compter du 4 novembre) surveiller ces mêmes banques de manière stricte ? Et comment la BCE peut-elle un jour revenir à la normalité ? Dès qu'elle va relever ses taux, elle se retrouvera sous la menace de faire des pertes ».

Le « Handelsblatt » critique aussi « l'activisme » de Mario Draghi, la dynamique que l'Italien emploie à appliquer son métier en venant à « donner le vertige ». Un activisme qui « pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses » aux problèmes du moment, malgré les milliards de liquidités injectés sur les marchés. Le quotidien des affaires relève cependant que le banquier italien a un job plus difficile que ses confrères d'Angleterre ou des Etats-Unis. Outre son combat pour relever l'inflation, il doit composer avec une Union monétaire en proie à des forces centrifuges ». Un fait également relevé par la Hannoverschen Allgemeinen Zeitung, qui compare la zone euro à un patient malade qu'aucun remède ne peut remettre sur pied. « La dose est désormais augmentée. La politique monétaire est surchargée de promesses qu'elle ne peut remplir », note l'éditorialiste. Ce dernier souligne que « la clé pour la croissance économique repose chez les gouvernements des pays de la zone euro, pas chez la BCE à Francfort ».

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