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20 octobre 2014

La mafia des trotskos au pouvoir

Photomontage : Christophe Ena/Michel Euler/NIVIERE/AP/SIPA

Du livre de Laurent Mauduit, intitulé À tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient, les médias n’ont, pour l’heure, retenu qu’un épisode : l’accusation d’usurpation de diplômes à l’encontre de Jean-Christophe Cambadelis. Pour une fois, il n’est pas question d’accuser les collègues d’avoir la vue courte et de se ruer sur le premier chiffon rouge venu : c’est bien Mediapart, donc avec l’accord de Laurent Mauduit, qui a voulu créer le buzz autour de cette vieille histoire en choisissant de publier cet extrait en priorité.
 
Il y a certes bien des questions à se poser sur « l’affaire des diplômes » (ou plutôt de l’absence de) du Premier secrétaire du PS. Que « Camba » ait obtenu sa licence en forgeant un faux (la thèse de Mauduit) ou en obtenant une « dérogation » (la thèse de Camba), l’histoire est peu reluisante. Elle rappelle comment fonctionnait l’extrême gauche de l’époque, fascinée par les « révolutionnaires professionnels ». Certains militants passèrent plus de temps à distribuer des tracts et à haranguer les amphis qu’à bûcher leurs cours. C’est ainsi qu’émergèrent bien des « leaders étudiants » dont les rides trahissaient qu’ils avaient passé l’âge d’être en fac… On pouvait ainsi être dirigeant de l’Unef et sacrément cancre ! Certains le payèrent ensuite en redoublant d’efforts pour décrocher leurs examens, d’autres « se démerdaient » dans une Université, qui, à l’époque, était souvent bonne mère, et pas qu’avec les gauchistes… Apparemment « Camba », n’était pas parmi les bûcheurs. Lui même avoue son peu de goût pour les études : passer une licence après dix années (!) de fac, « cela me faisait suer », déclare-t-il…
 
Mais s’arrêter à cet épisode, certes drolatique (imaginez Cambadelis trafiquant son parchemin sur une photocopieuse de l’université du Mans…) tendrait à réduire l’affaire à un règlement de comptes entre anciens trotskystes. Car Laurent Mauduit n’a jamais pardonné à Jean-Christophe Cambadélis de l’avoir fait quitter l’OCI (Organisation communiste internationaliste) en 1985, en compagnie de plusieurs centaines de camarades dont l’historien Benjamin Stora, dans le seul but de s’assurer une confortable carrière d’apparatchik au Parti socialiste…
 
Cette histoire-là existe, mais n’est pas la plus importante du livre, même si on sent chez l’auteur une rancœur, ou plutôt un « haut-le-cœur », devant le personnage de Cambadélis, capable de mensonges sur son passé, de trahison politiques des amis, de magouilles de tous ordres.
 
Ce qui constitue le nœud de cet essai est la description d’un trio tout juste arrivé au faîte du pouvoir : Jean-Christophe Cambadélis, Manuel Valls et Jean-Marie Le Guen. Ce trio constituerait un véritable GIE, un « groupement d’intérêt économique » dont le terrain d’expérimentation fut la MNEF, la mutuelle étudiante. Mauduit réouvre ce dossier (exploré à l’époque par Armelle Thoraval de Libération dans des conditions difficiles) et lui donne un sens politique. La MNEF était, dans les années 1970 et 1980, un gâteau découpé par des dirigeants d’organisations politiques au prorata de leur influence sur la gauche étudiante. Sont venus au festin non seulement les trotskystes (OCI) de Cambadélis (salarié comme « sociologue »), mais aussi les jeunes rocardiens (Le Guen est « conseiller médical). Au conseil d’administration de la MNEF siège aussi un certain Manuel Valls… Cambadélis fut condamné pour emploi fictif, Le Guen obtint un non-lieu. Cette « génération MNEF » est désormais portée au pouvoir par le remaniement d’avril 2014. Camba tient le PS, Le Guen a enfin un pied au gouvernement, Valls le dirige.

« La gauche est morte. François Hollande lui a porté le coup de grâce », se désole Mauduit, pour qui la génération MNEF restera comme celle des fossoyeurs du socialisme. L’auteur appelle « ceux qui ne se résignent pas » à ramasser le drapeau et à reconstruire un projet socialiste à partir des multiples et diverses initiatives qui animent encore le peuple de gauche. On a envie de lui dire « bon courage »…
 

A tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient, Laurent Mauduit, Ed. Don Quichotte ; septembre 2014, 432 p., 19,90 euros.

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