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25 octobre 2014

La cigale française et la fourmi allemande

« schwarze Null » (zéro noir) contre « pertes rouges »: La ville d’Offenburg, dans le Bade-Wurtenberg, s’enorgueillit d’avoir réussi à éradiquer sa dette. Un résultat obtenu au prix d’une politique d’austérité largement soutenue par la population, dans une Allemagne qui célébrera avec ferveur, jeudi, la Journée mondiale de l’épargne.


 

Trois, deux, un, zéro ! Ce mardi 20 mai 2014, à 17 heures, les habitants d’Offenburg scandent dans la liesse les secondes qui séparent leur commune d’un succès historique : le désendettement total. Décidé fin 1999, lorsque cette ville charmante du Bade-Wurtemberg affichait une dette de 61 millions d’euros, le projet aboutit ce jour-là, avec cinq ans d’avance sur le calendrier. Une bonne raison pour trinquer à l’œil et chanter l’hymne du pays de Bade. « Nous voulions fêter cela dignement, car c’était un succès collectif », raconte Edith Schreiner, la maire chrétienne-démocrate (CDU). Aujourd’hui, le site Internet d’Offenburg affiche fièrement sur sa page d’accueil un compteur avec la mention : « sans dette depuis 160 jours ».

Si la ville de 58.000 habitants située à 20 kilomètres de la France profite d’un tissu industriel riche, qui lui verse une taxe professionnelle abondante, son combat pour se « libérer de la dette » n’a pas été de tout repos. En 2003, l’équipe municipale s’est vue confrontée à un effondrement des recettes sur fond de réforme fiscale et de conjoncture morose. Avec son conseiller municipal délégué aux finances, Christoph Jopen, un social-démocrate (SPD), Edith Schreiner a alors décidé de réduire de 10 % en cinq ans les coûts de fonctionnement – les départs à la retraite n’ont pas été remplacés – tout en augmentant l’impôt foncier de façon à préserver l’investissement jugé prioritaire dans les jardins d’enfants.

Le graal du « zéro noir »

« L’austérité seule, ce n’est pas le bon chemin, il faut aussi investir », insiste Christoph Jopen, qui a pris sa retraite le 30 juin. « Sans investissements, il n’y aurait jamais eu l’acceptation nécessaire », ajoute la maire. De fait, tous les partis ont toujours adhéré à cette politique et le soutien de la population n’a jamais failli, selon Helmut Seller, journaliste à la « Badische Zeitung ». Exemple : quand la mairie, faute de moyens pour la rénover, a voulu raser une maison communale utilisée depuis des décennies pour les classes vertes des écoles, les habitants ont levé des fonds et les artisans ont travaillé gratuitement pour cofinancer les travaux de la mairie.

Un habitant d’Offenburg s’est particulièrement réjoui du désendettement de sa ville : Wolfgang Schäuble. « C’est le résultat d’un travail solide de l’administration et du conseil municipal », a écrit le ministre des Finances allemand, député de la circonscription. Au niveau fédéral, il poursuit un but au moins aussi ambitieux, à savoir l’équilibre budgétaire ou l’absence de nouvelles dettes en 2015. La « schwarze Null », littéralement « zéro noir », en opposition aux pertes rouges, est le Saint-Graal de la politique allemande. Avant Wolfgang Schäuble, ses prédécesseurs ont échoué dans la dernière ligne droite : Peer Steinbrück, Hans Eichel, Theo Waigel… Le dernier à avoir réussi l’exploit est le chrétien-social (CSU) Franz Joseph Strauss, en 1969.

« Pour la CDU, le “zéro noir” s’est imposé comme un symbole, notamment à l’égard de pays comme la France, explique Torsten Oppelland, professeur de sciences politiques à l’université d’Iéna. Il est censé prouver qu’on peut mener une politique de consolidation sans que cela conduise à la catastrophe. » Mais, alors que l’Europe est de nouveau menacée par la crise, Berlin subit une pression sans précédent de la part du FMI, de la BCE et de ses partenaires européens pour relancer ses investissements. Quitte à renoncer à cet objectif que même les économistes allemands appellent un « objet de prestige ». « Nous serions fous si nous mettions en danger » la confiance qu’inspire sur les marchés la discipline budgétaire allemande, leur a répondu Wolfgang Schäuble mi-octobre.

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