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21 avril 2015

Eurocrate à deux faces

Converti au dogme libéral et ...

Avec la bénédiction et le soutien actif de François Hollande, Pierre Moscovici obtint donc son rond de serviette à la table des commissaires. Non sans mal toutefois car sa brutale conversion aux exigences économiques bruxelloises n'ont échappé à personne. Son oral devant le Parlement européen fut jugé si peu convaincant qu'on lui imposa un humiliant rattrapage sous forme de questions écrites. Au passage, à l'automne 2014, il s'attira cette cinglante remarque d'une député néerlandaise : «  Comment être certain que vous serez le braconnier devenu garde-chasse ? » Il est vrai que la France adoptait au même moment un budget 2015, lancé par Pierre Moscovici quelques mois plus tôt, avec un déficit prévisionnel de 4,3% alors que la France s'était engagée pour la énième fois à le ramener à 3% ! Mais, de toute évidence, Bruxelles valait bien d'avaler quelques grosses couleuvres. Pierre Moscovici les digéra sans difficulté et devint très vite un commissaire zélé, défendant les exigences qu'il combattait auparavant.

Chaque fois qu'il le peut, il s'efforce d'ailleurs de donner publiquement une preuve de sa loyauté bruxelloise. Vendredi dernier, il réclamait encore avec fermeté à la France des « réformes structurelles », annonçant « un dialogue serré » avec Paris sur les 4 milliards d'économie supplémentaires annoncées par la France en 2015 mais refusant, tout de même, « une approche punitive. » On pourrait enfiler comme des perles les multiples déclarations du commissaire à l'endroit de la France, toutes lancées comme autant de gages de la fermeté de ses convictions nouvelles.

... signataire d'une motion contre le social-libéralisme européen

Il faut s'interdire de sourire. Après tout, la fonction fait l'homme et, surtout, on ne peut reprocher à Pierre Moscovici d'évoluer sur tel ou tel dossier. Il n'est rien de pire que les certitudes insensibles aux réalités. L'éthique de conviction est respectable mais elle peut plier devant l'éthique de responsabilité.

Sauf que ... Pierre Moscovici vient d'apposer sa signature au bas de la motion A, intitulée « Le renouveau socialiste », déposée par Jean-Christophe Cambadélis pour le prochain congrès du Parti socialiste qui se tiendra à Poitiers en juin prochain. Or ce texte contient un chapitre consacré à l'Europe sous le titre « Réunir les européens pour réorienter l'Europe ». Pierre Moscovici, le néo-bretteur de Bruxelles, adhère donc à cette idée contraire à ses combats du moment. Mieux, on y lit : « Les disciplines budgétaires doivent être assouplies. » Le commissaire défend donc à Paris des positions radicalement hostiles à la politique qu'il conduit à Bruxelles et prône urbi et orbi. Sidérant.

Au mieux, Pierre Moscovici n'a pas lu la motion de ses amis et ce n'est pas sérieux. Au pire, il agit en parfaite connaissance de cause, pas avec ruse mais avec un cynisme coupable. Qui croire et que croire quand un responsable de son rang joue ainsi les contorsionnistes ? C'est ainsi que naît la défiance vis à vis de nos dirigeants politiques. Navrant.

souce

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