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23 avril 2015

« Ni droite, ni gauche » / « Tout droit »

D’aucuns critiquent, ces derniers temps, le slogan du Front national « Ni droite, ni gauche », reprochant à ce parti d’entendre par là en réalité « Ni droite, ni droite », ce qui viendrait du fait que la tendance « chevènementiste » et jacobine aurait pris le dessus sur la ligne idéologique traditionnelle, plus libérale et/ou plus identitaire. Mais, au-delà de sa charge polémique, ce slogan renferme une sagesse politique qui permettrait au débat de gagner en hauteur de vue. Ainsi, quel sens profond pouvons-nous tirer de ce mot d’ordre, outre l’opposition évidente au système « UMPS » ?

Tout d’abord, « Ni droite, ni gauche », c’est le refus de la division de la société entre ces deux directions opposées depuis 1789. Car la Révolution française n’invente pas les partis mais le déchirement de la cité pour des motifs idéologiques. Ainsi, ceux qui voudraient que le FN se proclame de droite par pureté doctrinale devraient se rappeler que cette posture est en elle-même une acceptation du jeu révolutionnaire qui circonscrit le débat public dans les limites qu’il veut bien tracer, c’est-à-dire, sans jamais pouvoir remettre fondamentalement en cause le système idéologique.

Ensuite, ce slogan veut dire que le FN est autant attaché à la liberté d’entreprise et à l’allégement de la fiscalité qu’au rôle de l’État protecteur de l’économie nationale contre la mondialisation sauvage et à une solidarité minimale réclamée par la justice ; ainsi d’ailleurs qu’à la restauration des pouvoirs régaliens d’une nation souveraine. Il veut dire que la citoyenneté ne se confond pas avec l’identité, et l’on sait que le FN veut abolir le droit du sol et la double nationalité. Que le peuple n’est ni de droite ni de gauche, mais une communauté partageant l’héritage d’une civilisation. C’est encore accueillir tous les patriotes s’ils nous rejoignent dans la défense de notre liberté. Aller « tout droit », c’est tourner le dos aux querelles du passé. C’est faire la synthèse des mémoires, des forces, des idées et des passions pour renouer avec le destin national.

Enfin, n’être ni de droite ni de gauche, c’est chercher le bien commun. À son époque déjà, Jeanne d’Arc fut celle qui mit fin à la terrible alternance des Armagnacs et des Bourguignons. En persuadant le « petit roi de Bourges » qu’il était le roi de France, elle lui permit de rejeter le traité de Troyes qui livrait le royaume aux Anglais. Il fallait d’abord gagner la bataille symbolique, avant de pouvoir bouter l’envahisseur. De ce fait, la geste johannique est éminemment politique. Certes, des mouvements d’inspiration fasciste ont pu avoir un tel positionnement dans l’histoire politique française. Mais s’il veut conquérir le pouvoir, loin de se retrancher dans un positionnement contestataire à l’instar des ligues d’entre-deux-guerres, le FN doit aller encore plus loin dans l’incarnation de la légitimité politique. Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus de la mêlée que Marine Le Pen incarne cette légitimité.

Matthieu Tillier

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