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10 février 2016

FN: un séminaire pour rien ?

Minute révèle les dessous du séminaire à huis clos du FN. Extrait :

2757_page_01"[...] Le séminaire, qui devait être un moment de parole libre permettant d’aborder tous les sujets dans l’intimité du huis clos, y compris ceux qui fâchent parce qu’ils sont justement ceux qui inquiètent les électeurs (et pas seulement eux) – le samedi en présence des invités, comme Robert Ménard, le maire de Béziers, Karim Ouchikh, le président du SIEL, ou Olivier Bettati, conseiller régional de Paca venu de l’UMP, le dimanche entre soi –, s’est transformé, avec moins de liberté encore qu’à un bureau politique, en assemblée de ratification de la ligne de « souverainisme intégral » fixée par Florian Philippot, qui ne voit l’Europe que comme une contrainte géographique et tient le combat pour la civilisation pour le lieu de toutes les dérives réactionnaires.

Paradoxalement, alors même que cette ligne est ultra-minoritaire au sein du FN, alors même que, comme l’explique l’historien et politologue Nicolas Lebourg, qui est, avec Jean-Yves Camus, le meilleur spécialiste du Front national, dans les colonnes de « Politique Magazine », « la ligne “souverainiste“ imposée par Florian Philippot a sans doute fait perdre au FN le second tour des élections régionales », alors même que, comme le dit le même Lebourg, « la ligne actuelle ne correspond ni aux aspirations des militants ni à celle des électeurs », de sorte qu’on pourrait appliquer au Front national la distinction entre « Front d’en haut » et « Front d’en bas », voire entre « Front légal » et « Front réel » – ça, c’est nous qui le disons –, cette ligne n’a été que mollement combattue : les principaux opposants, ayant la légitimité et l’éloquence pour en démontrer le caractère néfaste, se sont tous résignés à la tacite reconduction d’un logiciel voué à l’échec, hormis deux personnalités extérieures : Robert Ménard, dont l’intervention a été applaudie mais qui n’a pas été entendu, et Karim Ouchikh.

Il faut dire que des coups de fil comminatoires de Marine Le Pen, passés avant le séminaire auprès des plus susceptibles de porter le fer dans la plaie, les avaient convaincus que rien ne serait possible. « Personne n’a de débat avec Florian Philippot. Chacun apporte sa pierre à l’édifice mais nous n’avons jamais discuté de ces questions » : tel était le constat que Louis Aliot dressait le mois dernier dans « Le Figaro ». Un séminaire pour rien plus tard, tel est le constat qu’il peut à nouveau dresser dans un parti dont le mode de fonctionnement est plus monarchique encore que la Ve République où les parlementaires peuvent encore, parfois, prendre une initiative, à tout le moins faire connaître leurs désaccords sans être tancés. [...]

« C’est bon, continuons comme ça et on ne sera même pas au second tour », nous confiait lundi, amer, un cadre du sud de la France dont le propos fait écho aux soupirs et autres expressions de découragement que nous avons entendues. [...]"

Le président du SIEL, qui a participé au séminaire du FN, déclare n'est pas moins sévère:

Unknown-46"[...] Dans le cadre de l’élection présidentielle, Marine Le Pen doit être capable de rassembler très largement. Un espace politique a été négligé ces dernières années, ai-je dit, car les questions sociétales n’ont pas été abordées correctement, les questions économiques ne l’ont été que sous l’angle étatique qui rebute l’électeur de droite, et les questions européennes le sont de façon très anxiogènes : il me paraît préférable de parler de révision des traités plutôt que de sortie de l’Union européenne !

Je n’imaginais pas que Marine Le Pen me dirait tout de go : « Je suis d’accord ! » J’espérais néanmoins qu’elle pourrait envisager de soumettre cette proposition à un processus de réflexion au cours du semestre. Cela n’a pas été le cas. Elle m’a répondu poliment : « Je te souhaite bon courage. » Je l’ai compris comme l’ont compris tous les gens présents : elle a fermé la porte ; elle a tourné le dos à cette alliance avec la droite patriote. Je considère que c’est une erreur stratégique.

La stratégie choisie, celle du maintien du statu quo avec des ajustements cosmétiques, ne va pas créer de dynamique dans l’électorat de droite. D’autre part, elle n’amplifiera pas sa croissance électorale en poursuivant sa conquête « par croissance interne », conquête faite de ralliements individuels considérés comme des prises de guerre.

Il faut absolument créer une force nouvelle avec ce « bloc villiériste » et ce n’est pas le RBM, astre mort comme je vous le disais, qu’on y arrivera. Le RBM présente de plus deux autres écueils : premièrement, il est trop associé au FN ; deuxièmement, il n’y a jamais eu de débat au sein du RBM : je suis bien placé pour le savoir puisque j’en suis un des administrateurs. Il faut sortir du RBM et créer quelque chose de nouveau.

Cela posé, le SIEL continue et j’aspire toujours à convaincre Marine Le Pen du bien-fondé de cette démarche. Je me donne six mois pour y parvenir. Nous verrons fin juin."

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