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18 octobre 2016

Révolte policière: vers la sédition ?

Plusieurs centaines de policiers ont manifesté de manière exceptionnelle à Paris, dans la nuit de lundi à mardi, sans mot d'ordre syndical, pour exprimer leur ras-le-bol après l'attaque contre leurs collègues dans l'Essonne, un « comportement inacceptable », pour le patron de la police.

Le Premier ministre, Manuel Valls, a réaffirmé le soutien du gouvernement abondamment exprimé après l'attaque du 8 octobre à Viry-Châtillon : « L'État poursuivra sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre », a-t-il tweeté après une série d'agressions, principalement en banlieue parisienne. Mais, parallèlement, la « police des polices » (IGPN) va enquêter sur « les manquements individuels aux règles statutaires » après cette manifestation sur les Champs-Élysées, a annoncé mardi matin le directeur général de la police nationale Jean-Marc Falcone.

Selon lui, les manifestants « fragilisent la police nationale et fragilisent aussi chaque policier ». « L'expression de cette colère doit respecter les règles », rappelle-t-il. Jean-Marc Falcone avait déjà rappelé le devoir de réserve aux policiers dans une note lundi alors que circulaient des SMS appelant à manifester le soir même, « en vain », selon une source policière. Mardi matin, le préfet de police de Paris, Michel Cadot, a rappelé aux policiers leur « code de déontologie » et leur « devoir de réserve et de loyauté à l'égard des institutions de la République » dans une note dont l'Agence France-Presse a eu copie. Des SMS ont circulé lundi en fin d'après-midi annonçant la formation d'un cortège depuis l'Essonne vers l'hôpital Saint-Louis. « Face à une hiérarchie carriériste, des élites syndicales enlisées dans leurs conflits, et une justice complètement désintéressée par notre sort, nous devons nous souder. Entre bleus », était-il écrit.

« Menacés de révocations »

À « minuit et demi, ils étaient environ 400 dont un large contingent venu du [département] 91 » devant l'hôpital parisien où est hospitalisé un adjoint de sécurité de 28 ans, très grièvement brûlé aux mains et au visage après l'attaque au cocktail Molotov de son véhicule à Viry-Châtillon, selon une source policière. Vers 1 heure, le cortège s'est dirigé vers les Champs-Élysées. En tenue civile, dans des véhicules banalisés ou appartenant à la flotte officielle de la police, gyrophares allumés, ils ont perturbé pendant plus d'une demi-heure la circulation autour de l'Arc de Triomphe, avant de se disperser, a constaté un journaliste de l'Agence France-Presse. « Nous sommes à bout », a lâché l'un d'eux.

« On s'est organisé nous-mêmes, par les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille », a expliqué à l'Agence France-Presse une source policière. Avant le départ depuis un parking dans l'Essonne, le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) « est venu tenir son discours », « il nous a comparés à des gitans, et nous a menacés de révocations et de conseils de discipline », a-t-elle précisé, ajoutant que les policiers ont alors tourné le dos à leur supérieur. D'autres rassemblements avaient déjà eu lieu en Essonne les jours précédents, notamment devant la préfecture et le siège de la DDSP à Évry, puis devant le commissariat de Savigny-sur-Orge (où travaille l'adjoint de sécurité blessé), selon une source policière.

D'autres rassemblements prévus

« D'autres rassemblements, sans doute plus ponctuels et désordonnés devant des lieux symboliques, sont à prévoir », prévient-elle. « On peut comprendre le ras-le-bol des policiers qui exercent dans ces quartiers et ne voient pas depuis des années les décisions politiques faire changer la situation sur le terrain », a réagi Christophe Rouget du syndicat SCSI qui avait appelé le 11 octobre à manifester devant les commissariats en solidarité avec leurs collègues attaqués, et avaient réclamé plus de moyens et davantage de fermeté.

Le Front national a également apporté son « total soutien » aux policiers qui ont manifesté cette nuit, dans un communiqué. Outre cette attaque dans l'Essonne, les forces de l'ordre ont également fait face ces derniers jours à un guet-apens suivi d'échauffourées avec une centaine de jeunes dans le quartier sensible du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Une manifestation de soutien à de jeunes nationalistes corses a aussi violemment dégénéré à Bastia, plusieurs dizaines de personnes jetant des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre et leurs véhicules.

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