Autopsie d'un naufrage annoncé

A bien regarder, les raisons de l'échec magistral de MLP (car c'en est un) tiennent autant aux thématiques de campagne qu'à la stratégie qui en a découlé. Le diagnostic était pourtant largement connu et apparemment pris en compte: nous avons perdu notre souveraineté et nos libertés  parce qu'on nous les volées. Or ceux qui nous les ont volées l'ont fait contre notre volonté, alors qu'ils avaient pour mandat de traduire dans les faits notre volonté exprimée majoritairement. Cette trahison de nos élites a été rendue possible par deux choses
1.    une évidente dérive des institutions d'une "république" dont on peut penser qu'en l'état c'est le destin: toute démocratie indirecte aboutit inévitablement à ce genre de trahison, de corruption généralisée
2.    notre propre passivité: alors qu'on aurait du descendre dans la rue et pendre haut et court quelques uns de ces traîtres, on a continué (et on continue) à faire semblant de leur faire confiance
Bien sûr, il y a eu nombre de facteurs aggravants: abandon de souveraineté, disparition totale des contre pouvoirs habituels, ingérences étrangères, collusions d'intérêts mafieux etc etc ... Il n'en reste pas mois qu'une fois le diagnostic posé, la réponse est évidemment institutionnelle. Quand un régime foire à ce point, c'est qu'il en temps d'en changer, d'autant que toute autre mesure proposée dépend de ce changement ! Or à aucun moment ni par aucun candidat cette question n'a été posée en termes de rétablissement de la démocratie et des libertés fondamentales. MLP a bien été la seule à proposer le referendum d'initiative populaire mais sans jamais prononcer le mot tabou qu'il suppose: réforme institutionnelle voire changement de régime. Fait aggravant, elle a lié cette question (et son maintien à la tête de l'état ...) à celle de la souveraineté, alors que la mission  première d'un chef d'état est de s'assurer du respect des institutions et de la continuité de l'état ! Pour couronner le tout, elle a noyé cette réforme fondamentale dans un fatras de propositions plus ou moins réalistes relevant de la compétence d'un premier ministre, lui même sous rétrocontrôle d'une éventuelle initiative populaire, confusion qui a achevé d'enlever toute crédibilité à la réalité de sa proposition référendaire !
Bref amateurisme, confusion des genres ou enfumage de première grandeur, la candidate s'est décrédibilisée définitivement, en tant que présidentiable d'abord, et politiquement ensuite, ce qui est plus grave. Car qui sera assez fou maintenant pour reprendre cette proposition de démocratie directe ?

Le calamiteux "débat" du second tour ne fut que l'illustration de ce naufrage généralisé, prélude à d'inévitables bouleversements qu'il est hélas loisible d'anticiper ...