«Virus inconnu et dangereux» «Bombes virales», la panique gagne la planète
Le Covid-19 a continué mercredi sa course cruelle à une vitesse «quasi exponentielle», fauchant des vies aux quatre coins du monde dont celle d'un bébé de six semaines aux États-Unis, devenu l'une des plus jeunes des plus de 46.000 victimes de la pandémie.
Plus de 900.000 cas de Covid-19 ont été recensés dans le monde, dont 215.000 aux États-Unis où la maladie progresse le plus vite. Faute de capacité suffisante de dépistage, ces bilans sont très probablement bien en-dessous de la réalité.
«Virus inconnu et dangereux»
La mort d'un nouveau-né dans l'Etat du Connecticut, après le décès d'un bébé de neuf mois à Chicago et d'un adolescent de 13 ans au Royaume-Uni, a particulièrement frappé les esprits, les enfants étant jusqu'ici relativement épargnés. «C'est déchirant», a commenté Ned Lamont, gouverneur de cet État du nord-est.
En Europe, c'est l'Espagne qui a déploré les pertes les plus lourdes avec 864 nouveaux morts en 24 heures. Et le pays redoute de voir submergées les unités de soins intensifs qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités.
«Il n'y a pas suffisamment d'équipements de protection» et «le nombre de lits reste insuffisant», déplorait Guillén del Barrio, infirmier à Madrid, tout en notant un ralentissement des arrivées aux urgences de son hôpital.
Une tendance confirmée par les autorités. «Il semble que nous soyons déjà» au pic de la contagion, «que nous sommes en train de descendre», a estimé le directeur du Centre d'urgences sanitaires, le Dr Fernando Simon.
En Italie aussi, où les hôpitaux craquent de toutes parts, le nombre des nouvelles infections continue de ralentir. Mais les médecins s'inquiètent des convalescents, qui quittent l'hôpital dès que leur vie n'est plus menacée, même s'ils sont encore contagieux.
«Dans une guerre comme celle-ci, on ne peut se permettre de s'exposer à l'apparition de nouveaux foyers de contagion qui risquent de transformer ces centres de convalescence en +bombes virales+ qui diffusent le virus», a mis en garde Raffaele Antonelli Incalzi, président de la Société de gériatrie italienne.
En France, où les hôpitaux parisiens et de l'Est sont aussi débordés, les transferts de patients par train ont continué, tandis que les établissements de la capitale se préparaient à produire en 3D le matériel manquant. Un recensement des vétérinaires volontaires a par ailleurs permis d'identifier ceux pouvant aider leurs collègues médecins en triant les patients par exemple.
Ni eau, ni toilettes
Pour freiner la propagation de la pandémie, plus de 3,75 milliards de personnes (48% de la population mondiale) sont appelées à rester chez elles ou contraintes de le faire.
Ce n'est pas sans difficultés dans les zones les plus pauvres, comme dans l'immense township sud-africain de Khayelitsha, en lisière du Cap, où des centaines de milliers de personnes vivent dans un entrelacs de cabanes de bric et de broc.
«On n'a pas de toilettes. Alors on sort. On n'a pas d'eau. Alors on sort. On essaie de rester dans notre cahute mais ce n'est pas facile», témoigne Ndithini Tyhido. «Les gens ici aimeraient bien obéir, ils essaient de le faire, mais c'est juste impossible».
Faute de vaccin ou de traitement, le confinement reste le moyen de lutte le plus efficace et l'Etat américain de Floride, l'Erythrée ou la Sierra Leone s'y sont à leur tour ralliés mercredi, tandis que l'Allemagne, l'Italie ou le Portugal en prolongeaient la durée.
A Moscou, les autorités vont mettre en place une application mobile et des QR Codes pour vérifier que la population respecte les règles d'isolement, et pour surveiller les malades.