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1 avril 2012

Révolutions arabes: printemps syrien ou hiver islamique ?

LONDRES (Reuters) - Loin de la Syrie et de ses violences, l'opposition au régime de Bachar al Assad peine à surmonter ses divisions et à s'unir derrière un projet commun à quelques jours de la deuxième réunion, dimanche à Istanbul, des "Amis de la Syrie".

Certains opposants accusent le Conseil national syrien (CNS) - reconnu comme "interlocuteur légitime" par les pays arabes et occidentaux - de servir de façade aux Frères musulmans et d'être financé par des pays du Golfe comme le Qatar.

Médecin et figure de l'opposition, Kamal al Labouani a démissionné ce mois-ci du CNS. Il assimile ses membres à des "fanatiques" qui se dissimulent derrière des "libéraux stupides".

Le CNS, qui se revendique comme laïque et pluraliste, sert selon lui de paravent aux Frères musulmans, ce qui va dans le sens des propos de Bachar al Assad, qui assimile le soulèvement du peuple syrien à un complot islamiste.

"Les Frères musulmans constituent la force dominante du Conseil. Il y a la faction de Hama, celle de Damas, celle d'Alep. Celle de Hama est soutenue et financée par le Qatar et la Turquie", assure Kamal al Labouani. "Ils posent des conditions pour armer la rébellion en exigeant des opposants qu'ils soient islamistes ou pratiquants."

La branche syrienne de la confrérie a publié cette semaine un "engagement national" dans lequel elle promet d'élaborer une Constitution civile qui accorde les mêmes droits aux minorités religieuses ainsi qu'entre hommes et femmes. "Nous ne voulons pas monopoliser le pouvoir", a par ailleurs déclaré à Reuters Melhem al Droubi, membre de la confrérie.

DIRECTION AUTOCRATIQUE

Haïtham al Maleh, figure de l'opposition et avocat des droits de l'homme, dénonce pour sa part le côté dirigiste et autocratique du CNS incarné, selon lui, par son président, Burhan Ghalioun.

"Je veux que le Conseil agisse de manière démocratique. Jusqu'à présent, ses représentants se comportent exactement comme le parti Baas (au pouvoir)", a dit Maleh, qui s'est retiré le mois dernier du CNS.

"Ghalioun a écrit le discours qu'il prononcera à Istanbul sans nous le montrer. Ils ont rencontré Kofi Annan (l'ancien secrétaire général de l'Onu et émissaire pour la Syrie) à Ankara et ne nous ont pas informés. C'est une catastrophe (...) Le pouvoir est monopolisé et absolument pas transparent."

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a appelé l'opposition à cesser de se quereller. "Certains membres de l'opposition ont une attitude qui l'affaiblit sérieusement. (...) Nous faisons tout notre possible pour unifier l'opposition autour du CNS et pour la convaincre d'être plus ouverte aux alaouites et aux chrétiens", a-t-il dit a journal Le Monde.

Les pays de la Ligue arabe et occidentaux redoutent également que l'impasse dans laquelle se trouve aujourd'hui la Syrie n'ouvre la voie à des djihadistes d'Al Qaïda, écartés jusqu'ici des révolutions arabes.

Les services de renseignement américains ont établi un lien entre Al Qaïda et des attentats récents menés contre le régime syrien à Damas et Alep.

"Les auteurs de ces attentats suicide sont certainement liés à Al Qaïda. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont des doutes sur l'opposition parce qu'ils ne veulent pas être reliés à Al Qaïda", analyse Patrick Seale, biographe du père de Bachar al Assad.

Même assiégé, le régime de Bachar al Assad est selon lui en meilleure posture qu'il ne pourrait l'être étant donnée la division de l'opposition et la réticence de la plupart des pays arabes et occidentaux à l'armer.

Samia Nakhoul, Hélène Duvigneau pour le service français, édité par Gilles Trequesser

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