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4 novembre 2014

Le scandale Moscovici

Pour éviter une élection législative partielle à la suite du transfert de Pierre Moscovici à la Commission de Bruxelles, le gouvernement a mis au point une petite combine. Celle-ci est entrain de tourner à la farce grotesque.


 

A priori, tout devait rouler comme sur un skate. Pour cause de fidélité  à François Hollande, Pierre Moscovici était transféré du gouvernement (où il fut d’une rare nullité) à la Commission de Bruxelles (où il sera surveillé de près). Ce fût compliqué à obtenir.

Certains – on les comprend – eurent du mal à admettre que l’échec patenté méritait promotion. D’autres se demandèrent s’il était opportun d’aller apporter la caution du PS à une Commission qui ne jure que par l’orthodoxie. Mais les obstacles furent levés les uns après les autres.

Ne restait plus qu’un problème : comment faire pour empêcher une législative partielle dans la 4ème circonscription du Doubs, celle où Pierre Moscovici fut toujours élu d’extrême justesse et où le « hollandisme récessionnaire » laisse un boulevard au candidat du FN. On imagina alors un système aux petits oignons.

Du haut de sa superbe, et au nom de l’éthique qui l’anime, François Hollande confia à Pierre Moscovici une mission au titre pompeux : « La place de la France dans l’Europe ». Le sujet importait peu. Il s’agissait juste de gagner les six mois légalement nécessaires pour que le député démissionnaire soit remplacé par son suppléant, afin de se jouer du suffrage universel, de s’asseoir sur l’avis des électeurs du Doubs et de préserver la majorité absolue des socialistes à l’Assemblée nationale (289 sièges).

On a beau se dire de gauche, on n’en reste pas moins homme de magouille. En ce domaine, d’ailleurs, entre François Hollande et Pierre Moscovici, c’est plus que l’entente cordiale : la fusion du cœur et de l’esprit.

Voilà donc nos deux hommes se tapant sur le ventre, contents de leur bon coup : l’un parce qu’il sauve les meubles à l’Assemblée (c’est à ça qu’on reconnaît un grand dirigeant) ; l’autre parce qu’il va bien gagner sa vie dans un poste où il pourra être ce qu’il est vraiment (un technocrate converti au dogme néolibéral). Seulement voilà. Les socialistes de gouvernement sont tellement nuls que même quand ils mettent au point un stratagème de gamins, ils réussissent à se prendre les pieds dans le tapis.

En l’occurrence, ils ont fait une erreur de calendrier. Pierre Moscovici n’est entré en « mission » que le 5 mai dernier. Pour que le plan échafaudé fonctionne, il fallait donc que la Commission de Bruxelles n’entre en fonction que le 6 novembre, six mois et un jour après la date fatidique. Or, la Commission Juncker a respecté son propre agenda. En vertu de celui-ci, elle devrait être opérationnelle dès le 1er novembre. Dans ce cas, tout tomberait à l’eau. Le suppléant de Mosco devrait aller devant les électeurs, perspective qu’il vit avec l’enthousiasme de la chèvre de Monsieur Seguin.

Pierre Moscovici, lui, s’en moque comme de la première veste qu’il a retournée. Il est déjà recasé. Pour lui, c’est la seule chose qui compte. Grand seigneur, il s’est même permis de lancer, avec le courage de celui qui bat sa coulpe sur la poitrine d’autrui : « Le PS peut très bien conserver mon siège s’il y a une élection partielle ».

Ben voyons. Son bilan est si flatteur, son aura si grande, son talent si reconnu, son dévouement à la cause populaire si ancrée, que c’est gagné d’avance. Et si, par hypothèse funeste, c’était perdu, cela ne pourrait s’expliquer que par l’incapacité du successeur désigné à s’élever à la hauteur de ce personnage historique. En attendant, les socialistes brûlent un cierge chaque matin pour que Jean-Claude Juncker retarde de quelques jours la mise en place de sa Commission.

C’est à ce genre d’histoire que l’on apprécie la grandeur de l’engagement en politique, qui tient parfois de la mission sacrificielle. Montherlant disait : « La plupart des hommes recèlent en eux-mêmes leur propre caricature. Et cette caricature ressort un jour, à l'improviste, sous le coup de l'événement ».

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