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29 août 2018

Europe : de l’anesthésie à l’euthanasie

Parcourir la grande pres­se française à dix mille kilomètres de distance contribue à me permettre de voir, davantage encore que lorsque je vivais en France, à quel point la population française est désinformée. Sur nombre de sujets, la propagande règne, quasiment hégémonique.


 

Chercher un article pertinent, scrupuleux et détaillé sur des sujets aussi cruciaux que l’évolution économique et stratégique de la Chine, la situation réelle en Iran, la recomposition du Proche-Orient, le péril islamique, le climat planétaire ou les États-Unis sous Donald Trump impliquerait de chercher longtemps.

Et bien qu’il m’arrive de consacrer du temps à chercher, mes recherches s’avèrent presque toujours vaines. Cette quasi-hégémonie de la propagande a de lourdes conséquences sur les débats qui se mènent dans tous les domaines, qui sont toujours biaisés, aseptisés, et ne méritent pas le nom de débat. Elle a de lourdes conséquences aussi sur la vie politique.

Voir que le socialiste Emmanuel Macron peut continuer à se trouver présenté comme un « libéral » ne peut que susciter la consternation.

Constater qu’un admirateur gauchiste de feu Hugo Chavez, tel que Jean-Luc Mélenchon, garde une crédibilité aux yeux d’un électeur sur cinq fait craindre le pire.

Je ne parle pas de la droite conservatrice, car elle a peu ou prou disparu en France.

Cette quasi-hégémonie a surtout un effet qui vient surplomber tous ses autres effets. Elle crée une incompréhension du monde tel qu’il évolue.

On continue à présenter très largement la France comme une « puissance qui compte », alors que la France décline et compte de moins en moins, quel que soit le domaine concerné.

On continue à dire tout aussi largement que l’Europe pourrait être une « grande puissance » si elle s’en donnait les moyens, alors que l’Europe dans son ensemble est elle-même déclinante sur tous les plans, et pas du tout à même de concurrencer les grandes puissances du XXIe siècle qui commence.

On ne dit bien sûr pas que l’Union européenne est devenue un instrument à confisquer la démocratie, à effacer les identités et à broyer ce qui reste de civilisation occidentale en Europe.

Dire la vérité aux Français (et la dire aussi aux autres peuples européens) est devenu très difficile. Des engrenages imbriqués les uns dans les autres montrent que tout se tient et que tout est fait pour faire avancer les Français (et les autres peuples européens) vers le pire sans qu’il y ait de remous majeurs.

Une anesthésie est installée et, si elle n’empêche pas la montée d’une inquiétude et des mouvements de colère, elle fait néanmoins qu’inquiétude et mouvements de colère ne parviennent pas à atteindre l’intensité qui serait requise pour briser les engrenages.

L’anesthésie mène à l’euthanasie.

Et cette dernière avance, de nombreux chiffres l’indiquent qui ne sont presque jamais publiés (et qu’il est peu ou prou interdit de commenter, sous peine d’avoir des ennuis avec la justice).

Un livre très pessimiste, mais d’une immense lucidité, sur le sujet a été publié voici quelques mois dans le monde qui parle anglais.Il a été, malgré le contexte que je viens de décrire, traduit et publie en langue française récemment, et j’en recommande très vivement la lecture à ceux qui veulent comprendre. Son auteur est Douglas Murray, membre comme moi du Gatestone Institute, aux États-Unis. Ce livre s’appelle « L’étrange suicide de l’Europe ». En le publiant, les Éditions du Toucan ont fait un acte de salubrité qui doit être salué.

Je publierai bientôt sur le même thème, et sous un angle d’approche complémentaire, un autre livre appelé « Comment meurt une civilisation ». Le pessimisme et la lucidité de Douglas Murray, et ce que j’y ajoute dans mon livre à venir, ne susciteront sans doute pas un sursaut, mais ils permettront d’ouvrir les yeux à ceux qui ne l’ont pas encore fait.

Douglas Murray dit que, durant le cours de la vie de ceux qui sont nés en Europe, ne sont pas musulmans, et sont vivants aujourd’hui, l’Europe aura cessé d’être l’Europe. Je ne suis pas loin de partager son diagnostic. Et tout en ne voulant pas fermer la porte à tout espoir, je dois reconnaître que la porte se ferme rapidement, et risque fort d’être bientôt pleinement fermée.

Guy Milliere

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