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8 janvier 2020

Réforme des retraites : Macron nous prend pour des cons

Avant même la fin des négociations, le projet de loi a déjà été envoyé au Conseil d’État. Je ne sais pas vous, mais moi je ne suis pas surpris. C’est exactement du Macron dans le texte. Mépriser les gens, les humilier, les prendre pour des cons, depuis le début de son mandat c’est son truc ; en quelque sorte sa signature personnelle. Et dans cette affaire de réforme des retraites, il s’est carrément surpassé. 

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Je ne sais pas si vous voyez le truc, mais en plein round final des négociations, le projet de loi est déjà complètement figé, rédigé à 95 %. Et pour accélérer la manœuvre, il a déjà été envoyé au Conseil d’État pour examen avant présentation en Conseil des ministres le 24 janvier et au Parlement le 17 février. Et en plus, comble du cynisme, Macron l’affiche et s’en vante en le faisant annoncer par le malingre Fresneau. Au passage cela montre le peu de cas que Macron fait du Parlement. Les élus LaRem sont pris pour des cons. Normal, ça faisait partie des critères du casting.

La méthode Macron : cynisme, manipulation, trucage et tours de con. 

  • On s’en aperçoit maintenant, le projet était déjà complètement figé dès le début. Et donc le gouvernement en connaissait les moindres détails depuis plus de deux ans. Pourtant, nous avons eu droit à deux ans et demi d’enfumage avec un Delevoy chargé de balader les partenaires sociaux, de les maintenir dans le bleu sans jamais rien préciser du projet.
  • Comble du mépris et du cynisme, le haut-commissaire choisi par Macron pour enfumer les syndicats était tellement pourri de casseroles que finalement il aura été obligé de démissionner, immédiatement remplacé par un autre encore plus vicelard. Un ancien directeur du personnel de chez Auchan qui s’est illustré par des méthodes de tortionnaire et qui de surcroît s’est lui aussi fait verser des indemnités de licenciement totalement indues alors qu’il était déjà élu et obligé de démissionner de par la loi.
  • Un discours annonce d’Édouard Philippe le 11 décembre à la toute dernière minute, pour enfermer les syndicats dans une seringue calendaire avant les fêtes. Une manière de provoquer les syndicats et de rendre la grève impopulaire au moment où les Français partent en vacances. Une manière de tenter d’obliger les syndicats à déposer les armes après déjà 2 semaines de grève.
  • Un discours d’Édouard Philippe complètement creux, un brouillard total sur un projet pourtant déjà totalement figé. Les partenaires sociaux obligés de négocier en plein brouillard, sans éléments concrets alors que le projet était déjà entièrement rédigé à la virgule près et truffé des pièges.
  • Autre manœuvre particulièrement perfide, tel un illusionniste Macron a placé le leurre de l’âge pivot en toute dernière minute pour laisser une porte de sortie aux réformistes de la CFDT. Avec cette ruse, Macron espérait que la CFDT pourrait prendre une posture de blocage pour se donner l’air de défendre les travailleurs, pour mieux les trahir lors du round final. Peine perdue, la base n’a pas suivi et la manœuvre est tombée à l’eau.
  • Un projet imbitable, truffé de pièges à retardement, dont en particulier un cadeau de 43 milliards aux grandes entreprises.

72 milliards de cotises perdues par les régimes et 43 milliards gagnés par les très grandes entreprises. L’exonération de cotises pour les hauts cadres à plus de 120 000 €, va nous coûter 72 milliards et faire gagner 43 milliards aux très grandes entreprises. En effet, les cadres de cette catégorie déjà retraités vont continuer à toucher leurs pensions, sans financement en regard. Dans un système par répartition cela veut dire que ce sont les autres catégories qui vont payer pour eux. Sur 15 ans, la part patronale des cotises gagnée par les entreprises représente 43 milliards. 

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Et à la fin, le matamore s’aplatit comme un crêpe. « Si je commence à dire, on va garder un régime spécial pour l’un, ça va tomber comme des dominos ». À cette heure, 8 régimes spéciaux sont déjà maintenus et 12 corporations se sont vu proposer un traitement différentiel. À force de se contorsionner, de tout vouloir manipuler, de prétendre duper tout le monde, Macron a fini à plat ventre à devoir tout lâcher, aux uns puis aux autres. Sur une simple menace de poser les casques, les policiers ont été les premiers servis, puis les pompiers, puis les surveillants pénitentiaires, puis les militaires, puis le personnel des compagnies aériennes, puis les routiers, puis les marins pêcheurs, puis les danseurs de l’opéra. Bref, le matamore qui a une peur bleue de voir des énervés le foutre dehors du palais s’est aplati comme une crêpe devant les policiers, entraînant derrière eux les autres professions. Sa réforme universelle est en lambeaux, elle n’a plus aucun sens.

La France, Macron s’en fout. 37 jours de grève vendredi, des pertes colossales pour l’économie, la SNCF encore plus plombée que jamais, les commerces plombés, les recettes de fin d’année plombées, les salariés grévistes et leurs familles plombés, les usagers des transports plombés, les fêtes de fin d’année gâchées, les Français exaspérés… tout cela Macron, l’immature irresponsable, s’en fout. Il a voulu jouer et à la fin, c’est tout le monde qui va perdre.

Résumons. Certes il est nécessaire de réformer le système de retraite français et en particulier de revoir les régimes spéciaux. Mais cela ne peut être fait que par un pouvoir bien élu et dans la transparence et la loyauté. Or, depuis le début, la méthode Macron consiste à balader tout le monde et à prendre les gens pour des cons. Heureusement, la CGT et FO tiennent bon, tout comme la base des syndicats réformistes. Une réunion de négociation est prévue ce vendredi. Pour le moment, nous ne connaissons pas toutes les réactions des syndicats, mais compte tenu de ce coup tordu, il y a tout lieu de penser que cette réunion est d’ores et déjà plombée et que le conflit va se prolonger au-delà de la fin de la semaine. Bien que Laurent Berger, le traître de comédie, continue à essayer de donner le change, après un tel coup tordu, la CFDT n’a plus de porte de sortie et la direction risque de se retrouver encore désavouée par la base. Enfin, Il y a fort à parier que certains syndicats ne se présenteront pas à la réunion de vendredi. 

Conclusion. Bien que nous ne partagions pas le déni des syndicats qui refusent de prendre en compte la question migratoire qui plombe tous les régimes sociaux, celui des retraites en particulier, nous soutenons le retrait du projet. D’abord parce qu’il n’est pas possible de réformer les régimes sociaux sans débat préalable sur l’immigration et que donc, tel qu’il est, ce projet est nul. Ensuite parce que tout doit être fait pour déstabiliser Macron et le pousser vers la sortie.

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Il n’y a pas d’autre choix tactique, sur ce coup, nous devons agir par procuration en étant les compagnons de route des syndicats de gauche, et tout faire pour obtenir le retrait du projet et pousser ensuite Macron vers la sortie.

Plus que jamais l’hypothèse de l’effondrement de régime prend corps.

Martin Moisan

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