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29 juin 2021

► RN: la houle commence à se lever

Sur Boulevard Voltaire, Jean Messiha analyse  l’échec du RN aux élections qui viennent de se dérouler dans un contexte inédit d’abstention et lance des pistes de réflexion pour l’avenir :

Jean Messiha : “En fait c’est toute la France qui mérite mieux que ce qu’est le Rassemblement national aujourd’hui”“(…) Dimanche 27 juin, au soir du deuxième tour, le bilan du RN pour cette double élection territoriale est clair : ZÉRO + ZÉRO= ZERO. Car ce que nous a caché le buzz autour des régionales, c’est une bérézina pire encore. Le RN ne gagne AUCUN conseil départemental sur les plus de 100 que compte notre pays. En tête dans quelques cantons, il n’a été en mesure de remporter une majorité départementale nulle part. Effarant ! D’autant que cette collectivité est celle que le camp national privilégie et à juste titre car elle est à la fois proche des administrés et héritière de la construction historique de la République (…)

On se demande partout : mais pourquoi le peuple RN ne s’est pas déplacé ? Les leaders du parti racontent que leurs électeurs ne s’intéressent pas aux élections locales. Mais c’est faux. En 2015 le parti avait enregistré des gains majeurs grâce à une forte mobilisation ce qui avait permis au FN de s’implanter fortement dans les conseils régionaux et départementaux, créant ainsi une vraie dynamique pour 2017. En 2021, le RN va voir sa représentation locale régresser fortement ce qui va, par ailleurs, accroître ses difficultés financières.     

Je connais le peuple français. Il est courageux. Il est dur à la tâche. Il n’hésitera jamais à prendre une heure ou deux pour aller voter un dimanche. Mais voter pour quoi ? Voter pour qui ? Pour un mouvement qui se « chiraquise »? Qui commence à dire que l’islamisation de masse n’est pas une régression ? Que la CEDH ce n’est pas un problème ? Que l’on va s’accommoder de l’UE sans faire d’histoires ? 

Le RN a préféré faire le choix de la sécurité comme leitmotiv électoral. Il n’y a qu’un malheur : la sécurité n’est que marginalement dans la compétence des régions et des départements… Mais le comble est que la sécurité figurait malgré tout et d’après un sondage réalisé par l’institut Opinion Way quelques jours avant le scrutin régional, au premier rang des préoccupations des électeurs. Cela n’a pas suffit à les faire se déplacer pour le parti qui est supposé l’incarner le mieux.

Mais là n’est peut-être pas le plus grave. Ce peuple, il a besoin de chair et d’âme, de présence, du contact avec celle ou celui qui est censé(e) l’incarner. Moi président du RN, j’aurais arpenté la France en long en large et en travers, levé tôt, couché tard, parlé, écouté, discuté, bu un coup, blagué et compati avec cette France qui souffre et espère tant. Je l’ai tellement fait. Je n’aurais pas fait des apparitions éclairs, des visites d’une petite heure, souvent sur un marché, une conférence de presse vite torchée, un petit tour chez un agriculteur et zou on reprend vite le train pour Paris. Je ne me serais pas uniquement montré dans des bourgs ou des hameaux bien tranquilles où il n’y a pas de risque de face-à-face avec des adversaires qui vous chahutent et qu’il faut savoir affronter plutôt qu’éviter. Bon sang, la France c’est aussi les villes : 50% des Français vivent dans une commune de plus de 10 000 habitants !

Mais au-delà des choix de candidats, des thèmes et du type de campagne, il y a en politique, et tout particulièrement dans un mouvement populaire, l’incarnation. L’incarnation : tout est là. C’est un subtil mélange de charisme, de compétence, de sacrifices, de travail acharné et il faut le dire de chance. Et ça, ça ne s’invente pas. Pas plus que ça ne s’acquiert. On l’a ou on ne l’a pas. Pour réussir cette rencontre magique avec le peuple il faut savoir parler à ses tripes, à son cœur et à son cerveau. Chacun des présidents de la Vème ont eu, à des degrés divers, ce don (…) Bref, il faut être « bon ». Mais pas seulement. Pour être la ou le meilleur, il faut s’entourer des meilleurs. Car c’est à leur contact que l’on s’élève… à condition de les écouter et de les lireS’entourer de beaucoup de médiocres, qui ont le mérite d’être fidèles et flatteurs, pour se grandir est une erreur capitale. Car ce faisant, on cumule le manque d’émulation, de remise en cause et on n’inspire pas confiance à un peuple qui sait qu’un président est un chef d’orchestre.

Marine Le Pen a pris les rênes du parti il y a 10 ans. 10 ans après c’est un parti financièrement exsangue. Je lisais il y a quelques jours que LREM venait d’acheter un siège de 2.800 m2 dans Paris pour 35 millions d’euros. Contraste ! 10 ans après, la présidente du Rassemblement national n’a pas tout à fait tout raté. Mais elle n’a rien réussi vraiment. Elle a solidement installé le RN et elle-même sur la scène politique française en tant que figurant, second rôle et parfois tête d’affiche. Mais jamais comme producteur, scénariste, réalisateur et metteur en scène.

Elle a gagné la bataille de certaines idées. Mais n’a jamais convaincu les Français qu’elle et son équipe étaient capables de gouverner une région ou un simple département. « Vous n’avez jamais voulu me confier ne serait-ce que la Lozère. Mais je vous demande de me confier la France ». Voilà ce qui pourrait être le slogan de 2022. La présidente du RN a concédé vendredi dernier sur France Info qu’« il faudra récréer une dynamique » pour la présidentielle. Elle a une certaine habitude des montagnes russes. Mais cette fois-ci le chariot a-t-il encore assez de puissance pour remonter une énième pente ? (…)

Alors oui, à mon modeste niveau, je crois pouvoir donner un avis sur une personnalité qui a reçue en héritage une organisation solide et a bénéficié du sens de l’histoire. J’ai beaucoup rencontré à travers le pays ces militants, adhérents électeurs du RN qui se battent pour que la France reste la France. Et franchement, ils méritent mieux. En fait c’est toute la France qui mérite mieux que ce qu’est le Rassemblement national aujourd’hui. Ce mouvement, allié à d’autres, porte en lui l’espoir d’un avenir meilleur. Mais encore faut-il qu’il soit dirigé par les meilleurs. Que faire alors ? Encore un peu de patience. On en reparle très bientôt.”

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