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4 novembre 2019

Le Macronisme En Marche

Résultat de recherche d'images pour "MACRON MAO"D’Alexis de Guillebon dans La Nef :


 

Le gouvernement français expérimente depuis le mois de juin dernier un programme de reconnaissance faciale pour l’accès aux services publics. Baptisé ALICEM, un acronyme barbare adouci par sa consonance féminine, cette application mobile se propose de dématérialiser les procédures administratives des différents ministères à travers un guichet unique et une identification sécurisée. Celle-ci s’obtiendra en faisant correspondre les fichiers biométriques de la puce du passeport avec la caméra du téléphone en mode selfie. Malgré la pression des associations de défense des libertés, les mises en garde des chercheurs sur les failles potentielles, et avec la garantie étatique qu’ALICEM ne sera jamais contraignant ni utilisé à d’autres fins, la numérisation des services publiques par reconnaissance faciale doit entrer en service en novembre. La France se veut à l’avant-garde. Elle est ainsi le quatrième pays à faire le pas de cette technologie, après la Chine, la Grande-Bretagne et l’Inde.

Pour comprendre où cette trajectoire technologique peut nous emmener, il faut tourner les regards vers la Chine, où elle s’épanouit sans aucune barrière philosophique ou morale. Le pays, déjà équipé de 170 millions de caméras à reconnaissance faciale sur l’ensemble du territoire, prévoit de quadrupler la mise, pour arriver au chiffre effarant d’une caméra pour deux habitants. Un reporter britannique, qui avait voulu tester l’efficacité du système, avait joué au chat et à la souris avec la police d’une grande métropole, et avait été retrouvé en quelques minutes. Dernièrement, les chercheurs chinois ont mis au point une caméra dont la résolution atteint 500 millions de pixels, une qualité d’image quatre fois supérieure à celle de l’œil humain. Couplée à l’intelligence artificielle, cette caméra peut identifier un individu au milieu de dizaines de milliers d’autres. Ces caméras qui scrutent nuit et jour les moindres faits et gestes des citadins chinois, sont à la base du « crédit social » qui doit entrer en service l’année prochaine. Une sorte de permis à points qui prend en compte l’ensemble des paramètres sociaux, professionnels et idéologiques et définit pour chaque individu le degré de citoyenneté plus ou moins conforme avec la ligne du Parti, depuis les croyances religieuses jusqu’aux faits divers accomplis sur la voie publique. Les mauvais citoyens se verront refuser des emplois, l’accès au logement ou au crédit, empêchés de voyager à l’étranger, ou infliger des peines plus lourdes.

Une dérive orwellienne

La Chine impose depuis peu d’utiliser un système de reconnaissance faciale pour décliner son identité avant d’avoir accès à un abonnement internet, la procédure permettant de repérer les internautes qui naviguent sur des pages dissidentes. Mais celle-ci permet aussi de renseigner la base de données numérique nécessaire à la surveillance du territoire. En France, le gouvernement avance prudemment et tente de rassurer sur la confidentialité et l’utilisation des données de reconnaissance faciale, notamment aux fins de surveillance dite « intelligente », où la France est également engagée avec le programme européen INDECT. L’État veille avant tout à la sécurité de ses citoyens dans un contexte de résurgence des menaces terroristes. Et si l’on comprend facilement les motivations sécuritaires légitimes sous-tendues par la mise en place de la reconnaissance faciale, on imagine tout aussi aisément la démultiplication des possibles qu’elle permet, et auxquels on a du mal à croire qu’on ne finira pas par aboutir.

Pour nos yeux incrédules, une matrice orwellienne de ce niveau relève encore de la science-fiction. Mais la Chine est le laboratoire de nos futurs cauchemars. Jusqu’à il y a une dizaine d’années, la question de savoir si l’ouverture de la Chine, ou ce qui a été perçu comme tel, irait de pair avec une libéralisation politique, se posait sérieusement. Aujourd’hui, nous commençons seulement à comprendre que l’émergence économique de la Chine comme nouvelle première puissance mondiale est en mesure de lui donner les moyens d’exporter son modèle de société. Un modèle politique autoritaire couplé à un capitalisme débridé. La crise violente qui secoue Hong Kong, et dont on peine à voir l’issue, doit être lue aussi dans ce sens. La peur panique des Hongkongais, élevés dans le libéralisme anglo-saxon, de perdre leurs libertés, est un signe avant-coureur des batailles que nous aurons à livrer. C’est une partie de notre avenir qui se joue là-bas.

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