À l'époque, Bercy se penche sur sa filiale de réassurance qui couvre les risques liés à sa maison mère et aux autres filiales. Sauf qu'elle est installée au Luxembourg, où la fiscalité est beaucoup plus souple qu'en France. Dans ce pays, le résultat imposable est très largement réduit. Dans un document consulté par nos confrères, en 2020, les services fiscaux estiment que le groupe a bénéficié d'un régime fiscal "privilégié" et décide de lui infliger un redressement. Celui-ci tombe et s'élève à 17,3 millions d'euros couvrant la période 2009-2016.

S'estimant lésé, CapGemini contre-attaque et aurait donc abtenu une ristourne de 13,4 millions d'euros, ne lui laissant plus que 3,9 millions à régler. Une somme que le cabinet n'est visiblement pas encore prêt à payer, indique Libération puisqu'il ne l'a pas mentionnée dans son document annuel transmis aux investisseurs. Contactée par nos confrères, la société n'a pas souhaité s'épancher sur la question, estimant seulement payer ses impôts en France et rappelant ses succès face à la Direction générale des finances publiques (DGFIP). Un succès qui resterait à prouver. En effet, selon des sources proches du dossier, le contentieux est toujours en cours et aucun accord n'a pour l'heure été trouvé. Bercy n'aurait donc pas fait une croix sur les 17,3 millions d'euros, et non les 3,9 millions d'euros évoqués par Libération.

En cas d'issue malheureuse pour le fisc, cette affaire serait une nouvelle épine dans le pied du gouvernement, puisque selon le rapport d'enquête de la commission d'enquête sénatoriale, CapGemini aurait bénéficié de 7,6 millions de contrats de l'État. Face à la polémique, Emmanuel Macron s'est dit "choqué comme tout un chacun" sur le dossier McKinsey qui n'aurait versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. Mais il a justifié, comme deux de ses ministres le 30 mars, leur utilité tant que cela se faisait de manière "transparente et contrôlable". La ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, a jugé que le recours aux cabinets de conseil était "habituel et utile".